Sida : un patient guéri après une greffe de moelle ?

Vendredi 17 décembre 2010

Une greffe de moelle osseuse chez un patient de 42 ans séropositif, soigné
en 2007 pour une leucémie par une équipe allemande, a rendu le virus du sida
indétectable. L'annonce de cette découverte en novembre 2008 bénéficie
aujourd'hui de plus de recul et a donné lieu à une publication scientifique
dans la revue Blood. Bien qu'étonnante, cette "guérison" est accueillie avec
prudence par les experts.

Nous vous en parlions en novembre 2008 : Timothy Brown, un américain de 42
ans vivant en Allemagne, séropositif depuis 10 ans, a été obligé il y a deux
ans de cesser tout traitement contre le virus pour subir une greffe de
moelle osseuse. Or, depuis cette greffe, non seulement il est guéri de sa
leucémie mais il ne également semble plus porteur du virus du sida. Pour
réussir cette prouesse, l'équipe de l'hématologue Eckhard Thiel de l'hôpital
de la Charité de Berlin a eu l'idée de génie de choisir un donneur
particulier pour la greffe de moelle : une personne porteuse d'une mutation
génétique, mutation du récepteur CCR-5, présente chez environ 1 % de la
population caucasienne et qui semble conférer aux individus qui en sont
porteurs une immunité face au VIH (ou du moins une évolution beaucoup plus
lente vers le stade Sida). Les médecins espéraient ainsi que cette greffe de
moelle osseuse permettrait de guérir la leucémie mais également de faire
disparaître l'infection au VIH.

Et les résultats publiés dans la revue médicale Blood sont très prometteurs.
A l'issue du traitement, le patient présente des taux de cellules
immunitaires semblables à une personne non infectée. De plus, les cellules
produites sont porteuses du gène muté et donc désormais résistantes à
l'infection VIH. Trois ans plus tard, les chercheurs n'ont pas constaté de
rebond de l'infection, la charge virale reste indétectable faisant penser à
une véritable guérison.
Mais les réserves émises en 2008 sur la possibilité de voir le virus tapis
dans des "réservoirs" (des tissus dans lesquels il peut subsister en
quantité très faible) sont toujours d'actualité. L'autre crainte est que le
virus puisse muter et utiliser d'autres voies que CCR5 (un autre
co-récepteur notamment baptisé CXCR4) pour infecter les cellules du système
immunitaire. Mais après 3,5 ans de recul et avoir constaté la restauration
immunologique (repopulation de CD4 du donneur) au niveau du sang, de la
moelle mais également au niveau du tube digestif, ces résultats sont tout de
même extrêmement encourageants.

Aujourd'hui, les principales réserves sont liées à la technique utilisée,
très risquée et difficilement généralisable :

- Dans le cadre de son traitement contre le cancer, ce patient a été traité
par une chimiothérapie, une radiothérapie et un traitement immunosuppresseur
avant de subir une première greffe de moelle osseuse puis une seconde, 13
jours plus tard, à cause d'une réapparition de la leucémie. Timothy Brown a
développé une complication neurologique, qui lui a causé une cécité
temporaire, des problèmes de mémoire et d'après ses amis, un changement de
personnalité. Les dons de moelle HLA compatibles sont déjà difficiles à
trouver (trouver un donneur compatible est rare - il y a 1 chance sur 1
million que deux individus pris au hasard soient compatibles), si on ajoute
comme condition que le donneur soit en plus porteur d'une mutation
permettant une résistance naturelle au VIH, cela devient encore plus
difficile... à moins de pouvoir modifier le patrimoine génétique des
cellules souches à transplanter.

- La greffe de moelle osseuse reste un traitement extrêmement lourd avec de
graves risques de complications (réaction du greffon contre l'hôte,
infections ou problèmes hépatiques...). Ce traitement nécessite enfin de
passer plusieurs semaines en chambre stérile. Le taux de mortalité après une
telle greffe est ainsi beaucoup plus important que celui de patients
séropositifs suivis médicalement dans les pays développés.

En conclusion, ce procédé prometteur ne pourra être généralisé aux 33
millions de personnes infectées dans le monde, du fait des risques de
complications, de la difficulté à trouver des cellules souches appropriées
et de son coût. Néanmoins, la guérison de ce patient confirme le rôle clé
joué par CCR-5 dans la transmission du VIH et le développement de la
maladie. Ces résultats devraient relancer la piste de la thérapie génique
face au VIH, le but serait d'introduire le gène de résistance au VIH dans
des cellules souches avant de pouvoir les transplanter. Mais même en cas de
succès de cette voie de recherche, son coût devrait dans un premier temps la
limiter aux patients des pays riches en échec de traitement.

David Bême

Sources :
- Evidence for the cure of HIV infection by CCR5 32/ 32 stem cell
transplantation - Allers K et al - Blood - Submitted September 23, 2010;
accepted December 2, 2010. (abstract accessible en ligne)
- Communiqué, Hôpital de la Charité de Berlin, 12/11/2008
- Long-Term Control of HIV by CCR5 Delta32/Delta32 Stem-Cell
Transplantation - Hutter G et al - N Engl J Med 2009; 360:692-698February
12, 2009 (article accessible en ligne)
- Der Mann, der HIV besiegte - Stern - 8 décembre 2010 (article accessible
en ligne)

Commentaires

  • replica handbags
    It has gained popularity when prominent clothing brands expanded their target market and started launching their handbags collection.
  • Gardulis
    - premature ejaculation cure
    treatment premature ejaculation
    DuraMale is formulated by a team of herbal researchers, haleness and nutritional professionals and pharmaceutical scientists who get looked after your sensual needs in the first-rate thinkable ways! We are of course self-possessed that DuraMale inclination post for you. As an additional benefit, we are also contribution you a 90 era money move backwards withdraw from word of honour wherein if you naught to see the results, you simply sine qua non to recur the product side with to us which we seek is a rare and unlikely dispute!

Ajouter un commentaire